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DE L’IMPENSABLE A LA LIBERTE DE PENSER

Blog / 23 février 2021

par Delphine Bensaïd
Psychologue – Psychanalyste, membre du collectif IDF Réinfocovid où nous sommes croisées.


La psychanalyse peut nous aider à comprendre les réactions psychiques engendrées par le surgissement d’un virus mortel et tout ce qui en a suivi. Forts de ces enseignements, peut-être pourrons-nous reprendre le chemin de la raison, du débat contradictoire, car qu’est ce qu’un pays fait d’individus privés de parole, pire, habités par une pensée « une et unique »,
où les quelques voix divergentes rendues dissidentes, suspectes ou menaçantes, sont contraintes de prendre le maquis ?
Sigmund Freud, l’inventeur de la psychanalyse, nous a enseigné qu’« il n’y a pas de temps dans l’inconscient » *1.Que cela signifie-t-il ? Entre autre que toute notre vie, aussi bien
nos figures parentales que les liens que nous avons établis avec elles influenceront nos rapports aux autres. De la même manière, certains mécanismes psychiques mis en place au cours des premières années perdureront et continueront d’opérer à notre insu et ce, de façon
plus ou moins intensive et prégnante selon les moments et épreuves de notre existence.
Le petit d’homme, pendant ses premières années, en raison de son incapacité à pouvoir se débrouiller seul pour subvenir à ses besoins, n’a d’autres choix que de se fier à ses parents pour grandir et advenir. Il s’y attachera profondément, les investira comme ses modèles, ses supports d’identification, pour certains comme des guides, pour d’autres comme
des quasi dieux vivants.

Avec l’arrivée de la pandémie, sous l’emprise de la panique, de la peur, du
surgissement de la mort, la société toute entière s’est peu à peu disloquée, parfois écharpée ou, au mieux, s’est murée dans une sympathie hypocrite au sujet de la gestion par le gouvernement de la crise sanitaire. Aujourd’hui, le monde est scindé en deux entre les « pour » et les « anti », sans possibilité de débattre. Comment en est-on arrivés là, à ces clivages et divisions tranchantes qui abîmeront durablement les liens dont nous avons
pourtant, d’autant plus en ce moment, tant besoin ?


A ce stade, il est important de préciser, aussi incroyable que cela puisse paraître, que même les enfants maltraités ou abusés par leurs parents prennent systématiquement leur défense et tentent de les protéger au prix de leurs propres santés physique et psychique. Car que seraient-ils sans eux, eux qui ont forcément souhaité leur venue au monde, eux dont ils
sont dépendants pour vivre, eux auxquels ils sont si attachés et de qui ils ont tant besoin d’être aimés et reconnus, eux dont ils sont, qui plus est, une sorte de prolongement ? Ainsi, tous les enfants, y compris ceux soumis aux pires sévices, sont dans l’impossibilité d’envisager que leurs parents puissent être habités d’intentions malveillantes à leur égard. C’est un impensable.


Plus tard, l’adolescence va consister à faire choir plus ou moins brutalement les parents de leur piédestal, invitant les jeunes à se forger leurs propres avis sur le monde, leur propre sens critique, leurs propres idéaux, en somme une pensée qu’ils feront leur. Et même si ses parents sont de « bons parents », à chacun reviendra la charge de s’en dégager pour
construire son propre libre arbitre et tracer son chemin. Freud nous le rappelait en citant Goethe : « Ce que tes aïeux t’ont laissé en héritage, si tu veux le posséder, gagne-le ». *2. Pour autant, l’idée de parents consciemment mal intentionnés demeurera inconcevable et si c’est malgré tout le cas, ce sera interprété comme une malchance qui n’entachera pour autant pas la certitude que des parents normaux sont forcément bons.

Ainsi, dans notre inconscient, ceux qui ont pris initialement « soin de nous » et étaient investis d’une fonction d’autorité sont représentés par nos figures parentales. Plus tard, grâce au mécanisme du transfert inconscient, chaque personne ou instance devant « prendre soin de nous » et assumant une fonction d’autorité (dirigeants en tout genre, médecins, enseignants…) sont placés dans l’inconscient en position de parents de substitution ou parents symboliques. De ce fait, les citoyens déplacent ou, dit autrement, transfèrent sur les gouvernants leur besoin primaire de confiance nécessaire à l’établissement d’un sentiment de sécurité existentielle. Comme vis-à-vis des parents d’origine, les dirigeants de l’Etat pourront être critiqués sur leur façon d’exercer leurs fonctions, mais sera presque inconcevable, comme dans l’esprit de l’enfant, y compris l’enfant maltraité, l’idée d’une intention malveillante de leur part. Nous retrouvons l’impensable évoqué plus haut. Pourquoi cet impensable nous est-il chevillé à l’esprit, au plus profond de notre être ? Parce qu’il nous renvoie à notre vulnérabilité vis-à-vis de ceux qui s’occupent de nous jusqu’à nous protéger en cas de danger et dont, pour cela, nous sommes tributaires. C’est inscrit ainsi dans notre inconscient.


Que se passe-t-il quand cette sécurité de base fondée sur la foi en une bienveillance fondamentale est rompue ? Dans une telle situation, le risque est fort d’avoir recours à un fonctionnement archaïque qui renvoie aux premiers temps de l’existence, mis en lumière par Mélanie Klein, psychanalyste austro-britannique du milieu du XXème siècle. Qu’a-t-elle mis
en lumière ? Que jusqu’à environ huit mois, le monde du bébé est partagé entre un monde tout bon et un monde tout mauvais. Le tout bon correspond au bonheur absolu, le nirvana de la fusion. Le tout mauvais, qui surgit quand le bébé éprouve la faim, l’inconfort, la solitude, la
peur, etc., prend des allures d’un univers menaçant et hostile dans lequel le nourrisson se sent livré en pâture, sans aucune défense ni possibilité de s’échapper, ce qui a pour effet de générer en lui une angoisse majeure de persécution (Mélanie Klein nomme cette étape du développement la position schizo-paranoïde.*3. A partir du huitième mois, grâce à l’intériorisation d’un monde suffisamment bon, stable et sécurisant, le tout mauvais et le tout bon vont s’assembler pour ne plus faire qu’un, à la fois bon et mauvais. Alors, le bébé va accéder progressivement à ce que Mélanie Klein a nommé la position dépressive4 caractérisé notamment par la perception par l’enfant d’un environnement de plus en plus contrasté et pluriel auquel il tentera de répondre de façon de plus en plus nuancée, subtile et complexe. Pourquoi, contrairement aux stades du développement5 de Freud (oral, anal, phallique), Mélanie Klein a préféré théoriser en termes de positions ? Son objectif était de défendre l’idée que tout individu pourra recourir, selon les situations auxquelles il sera confronté au cours de son existence, à l’un ou l’autre des fonctionnements propres à chacune des positions psychiques (clivage ou ambivalence).


En quoi l’impensable et les concepts kleiniens peuvent-ils nous être utiles à l’heure actuelle ? Avec l’arrivée du coronavirus, ont surgi une intense angoisse de mort, une insécurité profonde, une perte massive de repères conduisant de façon plus ou moins rapide vers des positions de clivage. Chacun s’est trouvé potentiellement la cible d’un virus mortel
sans aucune protection possible (pénurie de masques), soumis à des querelles d’experts sur un traitement possible finalement interdit, laissant le citoyen seul face à la mort avec, pour seule arme, du Doliprane (conflits autour de l’Hydroxychloroquine), habité par l’angoisse de ne
pouvoir être soigné s’il tombait malade (hôpitaux débordés), tout cela émaillé de mensonges d’Etat (à propos du stock de masques), de promesses non tenues (doublement des lits de réanimation pour l’automne), de discours contradictoires et de mesures toujours plus punitives
et infantilisantes visant ceux qui refuseraient de se conformer aux mesures sanitaires. Et pour couronner le tout, chacun a pu être accusé d’irresponsabilité, voire culpabilisé d’engendrer la
mort s’il décidait d’enfreindre la moindre des règles édictées par le gouvernement et à présent, s’il refuse de se faire vacciner.


A quoi tout cela nous a-t-il menés ?


Pour certains français, l’impensable malveillance du début de l’exposé les pousse, je dirais même plus, les oblige, à défendre aveuglément leurs dirigeants. Car imaginer que l’Etat ou quelques-uns de ses membres puissent être motivés par d’autres intérêts que ceux des citoyens engendrerait une telle angoisse de vulnérabilité ou une telle remise en question des « parents de substitution » qu’ils préfèrent en éjecter la simple hypothèse. D’autres se soumettent, obéissent, jouent les enfants modèles pour éviter d’attirer la foudre (de l’amende ou de la mort). Quant à ceux qui osent émettre quelques interrogations sur le bien-fondé de
certaines décisions gouvernementales, ils passent illico du côté des mauvais, des tout mauvais, des suspicieux, ou des ingrats, ou des incompétents, ou des jamais contents. Ces divisions extrêmes et radicales au sein de notre population doivent nous alerter car elles indiquent que
le clivage archaïque des premiers temps de l’existence (en tout bon ou tout mauvais, accompagné de ses pensées persécutives) a repris la main, conduisant à une guerre de tranchées entre « complotistes » selon les uns et asservis selon les autres. Autrement dit, celui qui n’est pas d’accord avec moi est contre moi et ne mérite que d’être relégué dans le camp
des adversaires, si ce n’est des ennemis. Ainsi, au lieu que les contestations, les luttes, les demandes d’explications se manifestent entre le peuple et les preneurs de décision, elles demeurent au niveau des citoyens qui se livrent une lutte sans merci entre opposants et défenseurs de l’Etat. Pendant ce temps-là, le gouvernement gouverne à sa guise.


Ainsi, notre société semble atteinte d’une sorte de paranoïa où le « pour » est l’ennemi de « l’anti », où la nuance et l’ambivalence n’ont plus leurs places. Masque, vaccin, Hydroxycholoquine, gouvernement… autant de sujets soumis à cette division radicale et dangereuse. Mais l’enjeu de tous ces conflits qui, justement, ne se dialectisent pas, n’est-il pas, au fond, d’accepter ou non de se poser la question si angoissante : sommes-nous réellement aux mains de parents/gouvernants honnêtes et bienveillants ?


La meilleure réponse ne consiste-t-elle pas à envisager toutes les réponses, y compris celle, si difficile, de la négative ? Car, sans aller chercher très loin, nous pouvons nous demander ce qu’il en aurait été des révélations sur les scandales, entre autres, du sang contaminé, de l’amiante, du Médiator et actuellement de la Dépakine, si personne ne s’était autorisé à se poser cette difficile question ?


Osons donc nous demander :

Comment croire en la bienveillance d’Emmanuel Macron qui a poursuivi son démantèlement de l’hôpital publique entre mars et octobre 2020 en supprimant 800 lits de réanimation en Ile-de-France alors qu’il promettait sur toutes les ondes au mois de juillet
dernier le doublement du nombre de lits de réanimation pour l’automne en vue de la « seconde vague » ? (révélation du Canard Enchainé du 23/10/2020)

Comment peut-on rester convaincu de la bienveillance de notre gouvernement quand il refuse de réviser son avis sur l’Hydroxychloroquine alors que « 25 essais qui correspondent à un traitement précoce, tel que recommandé par Didier Raoult (qui a expliqué très tôt la relative inutilité d’un traitement tardif), toutes (oui, toutes !) les études font état d’un effet positif, y compris 5 essais randomisés. Plus spectaculaire encore, les 10 essais qui concentrent l’évaluation sur la mortalité font tous état d’un gain de plus de 50 % » *6

Comment ne pas douter de l’honnêteté de notre gouvernement quand on lit ce que révèle la députée européenne Michèle Rivasi : « la Commission européenne n’a toujours pas publié les contrats de pré-achat des vaccins, en particulier ceux de Pfizer et Moderna ?
Combien de fois la Commission nous a promis l’accès à ces contrats qui ne sont toujours pas là ?! Pourquoi attendre ? Je revendique d’autant plus cette transparence que les contrats d’achat signés aux États-Unis, eux, sont tous publics et consultables en ligne ! La confidentialité de ces contrats ne vaut-elle que pour l’Europe ? »*7.

Et d’ajouter sur les accords entre les Etats Membres de l’Union Européenne et les laboratoires pharmaceutiques fabricants
des vaccins : « Les Etats Membres devront rembourser le fabricant en cas de frais juridiques et d’indemnités à verser, en cas d’effets secondaires graves par exemple. Les États membres vont devoir également – je cite – « dégager de toute responsabilité le contractant ». Certains paragraphes restant complètement barrés, je ne suis pas en mesure de savoir dans quels cas précis les Etats ne seront pas obligés d’indemniser le fabricant ou de le dégager de toute responsabilité »*8.

Comment peut-on encore croire en la bienveillance du gouvernement qui continue d’infliger à sa population le port du masque obligatoire en extérieur ainsi que d’autres mesures de restriction alors que de plus en plus d’études prouvent leur inefficacités ?*9. De la même façon, comment accorder une intention bienveillante de la part du gouvernement quand il maintient le port du masque obligatoire chez les enfants âgés de plus de 6 ans alors que « les jeunes enfants ne participent qu’exceptionnellement à la chaîne de transmission du SARS-CoV-2 et la balance bénéfice risque n’est vraiment pas en faveur du port du masque à partir de 6 ans.*10.


La liste des questions visant le gouvernement et ses décisions pourrait encore s’allonger (liens et conflits d’intérêt avec des laboratoires pharmaceutiques de certains membres du Conseil Scientifique, mépris par le Ministère de la Santé de la méta-analyse démontrant l’efficacité de l’Ivermectine, absence de compte-rendu et d’enregistrement de séances du Conseil scientifique Covid-19, ce qui est contraire à la loi*11…)


Alors, avec force et détermination, ensemble, osons nous interroger avec toute la clairvoyance qu’exige la situation actuelle de notre pays. Cette pandémie peut offrir l’opportunité, à ceux dont ce n’était pas encore le cas, de porter sur les politiques et les « puissants » en tout genre (laboratoires pharmaceutiques, gros industriels, « grands » médias…) un regard lucide et exigeant. C’est de notre responsabilité de citoyens. Osons considérer nos dirigeants comme de simples humains possiblement motivés, si ce n’est pervertis par la quête, l’exercice, voire la jouissance du pouvoir et tous les travers qui lui sont liés. Car oui, l’avidité, la filouterie, la manigance, la duperie, tout comme aujourd’hui, la terreur face à la maladie et la mort peuvent orienter leurs choix au détriment de ceux dont ils ont la charge. De la même manière qu’ils sont susceptibles d’être animés par la peur, ils
peuvent aussi être habités par la mauvaise foi, la difficulté si ce n’est l’incapacité d’admettre leurs erreurs, leurs manquements ou leurs mensonges. Seulement voilà, les conséquences de leurs décisions sont à grande échelle et nous concernent. Dès lors, osons les juger sans
idéalisation comme nous sommes en devoir de le faire avec nous-mêmes et l’apprenons à nos enfants. Enfin, osons accepter l’idée qu’en ceux qui nous gouvernent, comme en chacun de nous, existent le meilleur comme le pire.

*
1 Sigmund Freud (1915). « L’inconscient ». In Métapsychologie, Paris, Gallimard, 2003, p. 96
2 Sigmund Freud (1938). Abrégé de psychanalyse, Paris, PUF, 2001, p. 84
3 Mélanie Klein, (1946). « Notes sur quelques mécanismes schizoïdes ». In Développements de la
psychanalyse, Paris, PUF, 1966, p 274-300
4 Ibid.
5 Sigmund Freud (1905). Trois essais sur la théorie de la sexualité, Paris Gallimard, coll. Idées, 1962
7
6 https://blogs.mediapart.fr/laurent-mucchielli/blog/090221/un-effet-de-cliquet-bloque-l-arbitrage-parles-statistiques-de-la-guerre-raoult-veran
7 https://www.michele-rivasi.eu/politique/la-multiplication-des-variants-montre-limpasse-dunestrategie-europeenne-uniquement-fondee-sur-la-vaccination
8 https://www.michele-rivasi.eu/politique/premier-enseignement-du-contrat-curevac-en-cas-deffetsecondaires-graves-les-labos-responsables-mais-pas-coupables
9 https://www.lefigaro.fr/vox/societe/le-masque-en-exterieur-est-il-un-moyen-de-lutte-efficace-contrel-epidemie-20201211
10https://reinfocovid.fr/science/port-du-masque-enfants/
11 https://www.bvoltaire.fr/me-clarisse-sand-il-nexiste-aucun-document-rendant-compte-des-travauxdu-comite-scientifique-covid-19-cestillegal/?fbclid=IwAR1lz9JD6jIpBy_UGXBK27oR9xjw5aiMISbuGjCzlxmT3c7uaOjXHz1yMCo

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